Art contemporain
Texte : Gérard Henry

Biennale de Hong Kong :
l'obsession du passé, le paysage urbain, la nature revisitée

Souvenirs de famille en vidéos, vieux quartiers en voie de disparition, et en opposition, célébration de la nature dans la peinture traditionnelle chinoise sont les thèmes qui ressortent de la Biennale de Hong Kong 2005, qui rassemble au Musée d'Art les œuvres de quatre-vingt-six artistes contemporains résidant à Hong Kong.

A chacune de ses éditions cette biennale de Hong Kong est fortement critiquée, principalement en raison de son organisation et du concept sur lequel elle est fondée. Car il ne s'agit pas en fait d'une biennale dans le sens où on l'entend habituellement, c'est-à-dire d'une exposition d'art contemporain mise en place par un ou des commissaires d'exposition familiers des ateliers qui choisissent et invitent les artistes à participer selon un thème précis ou leur représentativité par rapport à leur époque. Il s'agit en réalité à Hong Kong d'un concours dans lequel les artistes envoient leurs œuvres sous la forme d'une image (photo/dessin/dossier digital) à un jury composé de membres locaux et extérieurs à Hong Kong, qui opère une sélection et donne des prix d'excellence dans les domaines définis de la peinture, sculpture, photographie, céramique, art digital, calligraphie, peinture chinoise…. Les commissaires du musée d'art font ensuite de leur mieux pour structurer et organiser l'exposition des sélectionnés. Le résultat est de ce fait inégal : si certaines œuvres individuelles sont bien présentées, l'ensemble dénote un certain chaos, une dispersion des œuvres, et un manque de documentation et de recherche sur les tendances qui animent la scène contemporaine locale, ainsi que sur l'exposition elle-même, peu d'information sur les artistes et leurs œuvres. Cela n'empêche cependant pas ces derniers de participer en masse puisque le musée a reçu 1544 entrées de 763 artistes et en a sélectionné 86.

L'exposition qui rassemble des œuvres contemporaines permet cependant de se faire une idée des tendances qui animent la scène artistique locale. Jamais le vieux Hong Kong n'a suscité un tel intérêt de la part des jeunes artistes. Nés pour la plupart dans les appartements exigus des hautes tours de cette cité tout en verticalité, ils se passionnent pour les vieux quartiers, les vieux immeubles encore debout qui symbolisent à leurs yeux une atmosphère, un mode de vie qui disparaissent à une vitesse prodigieuse dans cette cité où le marché immobilier fait toujours la loi et ne se soucie guère de conservation du patrimoine.

Le contraste avec les artistes de Chine continentale est flagrant, sans doute parce que Hong Kong a expérimenté la modernisation bien avant la Chine, et que pour ces Hongkongais, dont le multimédia est l'environnement naturel, il existe un besoin de se retourner vers le passé de leur cité, vers un mode de vie presque déjà complètement disparu et dont ils veulent garder trace. C'est pourquoi, le paysage des œuvres de cette biennale est un paysage urbain, mais non celui du futur, celui au contraire d'un passé en voie de disparition ou déjà disparu et que l'on recrée. Ce n'est d'ailleurs point un phénomène uniquement hongkongais, la biennale d'Istanbul cette année a montré un même intérêt pour les lieux désaffectés comme si ces jeunes artistes ne pouvaient trouver de valeurs dans le présent.

De nombreuses vidéos sont pareillement des documentations de la vie familiale, les artistes interviewent ou mettent en scène des membres de leur famille et leur font raconter leur vie et leur jeunesse. C'est une façon détournée de raconter l'histoire d'un pays ou d'une terre au travers de destins individuels. Cette tendance autobiographique constitue depuis une décennie une part importante de l'art contemporain sur la scène mondiale. Pour les jeunes Hongkongais, ces œuvres sont souvent l'occasion de découvrir un passé familial parfois complexe et caché, car beaucoup sont des enfants nés à Hong Kong d'immigrés chinois qui ont eu une histoire mouvementée.

L'art digital est en pleine expansion à Hong Kong comme partout ailleurs, mais aussi parce qu'avec la Creative School of Media de City University, de plus en plus de jeunes étudiants choisissent ce média parfois ambigu car certaines œuvres se rapprochent plus du simple documentaire que d'une création digitale. A côté de ces média très populaires, il reste des domaines plus traditionnels. La photographie reste un point fort de Hong Kong qui a une longue tradition et de nombreux artistes talentueux. Il est d'ailleurs incompréhensible que Hong Kong, une des cités les plus riches d'Asie, n'ait toujours pas un Musée de la Photographie. La céramique autre domaine de l'art contemporain à Hong Kong où il existe une grande créativité, est bien représentée dans cette biennale. Par contre, la peinture reste comme partout ailleurs le parent pauvre. Il est aussi dommage de ne présenter qu'un tableau isolé d'un peintre dans une exposition. Mais peu d'artistes aujourd'hui osent peindre. C'est un art extrêmement difficile et exigeant car l'artiste se met à nu sur un carré de toile et ne peut tromper son monde, alors que l'on peut facilement tricher avec une installation ou une vidéo, en allant vers le côté documentaire si l'on n'a pas de grand talent artistique.

L'exposition vaut donc le déplacement, on peut y voir aussi une variante ou plus exactement une réponse à l'exposition hongkongaise montée par Sabrina Fung et présentée à la biennale de Venise, Investigation of a journey to the West by micro + polo par les deux artistes Stanley Kwan et Chan Yuk-keung. Mais en dernier, une autre raison pour la visiter, est de voir sa section calligraphie et peinture chinoise qui, de l'avis de tous les spécialistes, est dans cette édition d'une qualité exceptionnelle. Et si les photographies se cantonnent dans le paysage urbain, les peintures chinoises nous plongent dans une nature exubérante, apaisante et parfois grandiose à laquelle le public, j'ai remarqué pendant ma visite, prend beaucoup de plaisir.



當代藝術

香港藝術雙年展:對昔日的眷念、都市景貌

錄影的家庭生活紀錄,正逐漸消失的舊區,還有描繪大自然的中國水墨畫,這些都是2005年香港藝術雙年展中較為突出的主題。這一屆在香港藝術館舉辦的雙年展共展出八十六位在香港居住的當代藝術家的作品。

每一屆的香港藝術雙年展都受到很多批評,主要是因為它的安排和基本的理念。原因是它實在與人們心目中一般的雙年展並不一樣,換句話說,由一個或多個熟識當地藝壇情況的策展人策劃一個當代藝術展,並由策展人邀請一些藝術家就一個特定的主題創作或以一些與他們的年代有關,具代表性的作品參展。而香港的藝術雙年展實際上是一個公開比賽,參加比賽的藝術家將他們的作品以圖像形式(照片/圖畫/數碼擋案)寄給一個由本地和海外評審委員組成的評審團,由他們為繪畫、雕塑、攝影、陶藝、數碼藝術、書法、山水畫⋯⋯等特定的領域評審出最出色作品。之後,再由藝術館的策展人構思和安排一個展覽來展出入選者的作品。但這樣的作法所得出來的結果並不平均:雖然某些個別的作品得到良好的展示效果,但整體來說卻出現一種混亂、作品東分四散的感覺,還有策展人對本地當代藝壇的流行趨勢資料搜集也並不足夠,而至於展覽本身,所提供有關參展藝術家及其作品的資料也很少。但儘管如此,這雙年展仍吸引了大量的參加者,藝術館收到七百六十三位藝術家共一千五百四十四件參賽作品,而入選者共八十六位。

雙年展中展出的當代作品讓大家對本地藝壇的流行動向有一個基本的概念。昔日的香港在年輕一輩的藝術工作者身上掀起了前所未有的興趣。這些年輕人大部份都是在高樓大廈狹小的公寓中長大,他們對舊區內一些仍屹立不倒的舊建築物深感興趣,在他們眼中,這些古老建築物象徵著一種氛圍,一種生活模式。在這座一切以地產商為主導的城市中,這種生活模式更因為地產商對保留文化遺產莫不關心而正以驚人的速度消失。這點與中國大陸的藝術家之間有著強烈的對比,可能是因為香港較中國更早經歷現代化,對這些香港人來說,多媒體是自然的環境,因此他們感到有需要回到昔日的城市,重拾那差不多已完全消失的生活模式,希望能保留一點昔日的痕跡。這解釋了為何這一屆雙年展的風景作品所描寫的都是城市景貌,但他們再現的卻並不是未來城市的景象,反而是正在消失或經已逝去之昔日風貌。不過,這現象並非香港獨有,今年在伊斯坦布爾舉辦的雙年展中參展的藝術家也同樣顯示出他們對已棄置的地方特別感興趣,似乎是這些年輕藝術家在今日的世界中找不到有價值的東西。

有多個錄像作品同時亦是家庭紀錄片,藝術家在作品中訪問了他們的家庭成員,要他們講述生活和年輕時代。這是一種轉折的手法,透過個別人士的命運來講述一個國家或一個地方的歷史。這種自傳式的創作手法近十年來在國際當代藝壇上十分流行。對年輕一代的香港人來說,這些作品讓他們有機會發現家族中一些複雜和不為人知的往事,因為這些在香港出生的年輕人的父母多數是從大陸移居香港,曾經歷過動蕩年代的中國人。

如各地一樣,數碼藝術在香港正大行其道,但另一個原因也是因為香港城市大學開辦了創意媒體學院,有愈來愈多的年輕人選擇這種有時頗為模棱兩可的創作媒介,因為有些作品比較接近紀錄片多於數碼創作。而在這些非常流行的創作媒體以外仍有一些以傳統手法創作的作品。攝影仍然是香港藝術創作中的強行,它有著悠久的歷史,並孕育了無數出色的攝影家。因此,實在令人猜不透為何香港,這座亞洲最富有的城市之一,至今仍未有一間攝影藝術館。這一屆雙年展中也有不少陶藝作品,陶藝是香港當代藝壇上另一個甚為活躍的藝術領域。反觀繪畫,它與其他地方的一樣,仍然是最弱的一環。整個雙年展中只能展出一位畫家的一幅作品實在是非常之可惜。但現今很少人膽敢繪畫。這是一種極之困難並要求嚴格的藝術,因為藝術家的實力有多少,在一方畫布上便顯露無遺,絕對騙不了人的,然而,那些裝置作品或錄像作品卻很容易作虛弄假,比方說,沒有甚麼藝術天份的錄像作品便說它傾向於紀錄片形式。

無論如可,本屆雙年展是值得我們前往參觀的,大家還可以欣賞到由馮美瑩策劃之2005年香港威尼斯雙年展之回應展。這展覽是回應兩位本地藝術家又一山人及陳育強在威尼斯雙年展中展出的作品《西遊記》。而最後,另一個值得我們參觀的理由是雙年展中的書法和山水畫部份,所有這方面的專家均認為這一屆的水準極之出色。雖然攝影作品都是集中於都市的景貌,但那些中國山水畫卻帶我們進入生命茂盛,既寧靜又壯觀的大自然景物中,在我參觀的時候,我留意到觀眾面對這些作品時都樂在其中。