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Deux ouvrages de l’artiste bédéiste hongkongais, Kwong Chi-kit, L'Épiphanie de l'architecte et Indigo sont parues en France aux éditions Paquet, bandes-dessinées que vous pouvez retrouver à la bibliothèque de Jordan. En février 2024, parmi d’autres artistes et représentants du HK Comix Base, l’artiste avait été invité par l’Alliance Française de Hong Kong pour une table ronde où il nous avait parlé de son travail et de sa participation au festival international de la bande-dessinée d’Angoulême. Nous le retrouvons ici dans un entretien réalisé par Pierre Séry, pour l’Est Républicain que Paroles remercie pour nous laisser le droit de reprendre l’article.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant qu'auteur de bandes dessinées ? Qu'est-ce qui vous a attiré vers ce média ?
Kwong Chi-kit : Depuis mon enfance, j’ai toujours adoré la bande dessinée. Mon frère, Kwong Chi Ho, et moi étions fascinés par Ma Wing Shing, une légende locale. En apprenant j’ail avait étudié au studio De Monte avant de devenir célèbre, nous avons décidé de suivre des cours là-bas après l’école. J'ai ensuite été formé par un autre artiste, Mak Tin Kit, et j’ai publié mes premières histoires courtes dans un magazine pour adolescents.
Cependant, à mes 18 ans, j’ai reçu une offre pour étudier à l’étranger, aux États-Unis. J’ai alors pris une voie totalement différente. Pour faire court, je suis devenu enseignant dans une université et je n’ai rien fait en rapport avec les bandes dessinées pendant 20 ans, jusqu'en 2019, où j’ai croisé à nouveau M. Mak. Il m’a demandé de collaborer avec lui sur le titre The Sagas of Kunlun Mountain. Très bien accueilli par les fans locaux, cette parution m’a permis de relancer ma carrière de dessinateur.
M. Mak m’a ensuite encouragé à postuler au premier Hong Kong Support Program, un programme financé par le gouvernement de Hong Kong. Par chance, j’ai été accepté et j’ai remporté deux prix. La première édition s’est vendue en cinq jours, et j’ai dû imprimer une deuxième édition dans la foulée. Cela m’a redonné confiance, et j’ai postulé à nouveau pour le même financement l’année suivante. Cette fois, j’ai remporté le « gold award », et tous les exemplaires se sont vendus en un mois.
La vie a bouclé la boucle d’une certaine manière : M. Ma Wing Shing, mon héros des bandes dessinées, a vu mon travail et m’a recommandé à un investisseur pour un titre de wuxia sur lequel je travaille actuellement. (Note wuxia : genre littéraire chinois et les œuvres de fiction ayant pour thème les aventures de « Chevalier errant » qui se déroulent généralement durant l’ancienne Chine.)
Quelles sont vos principales influences, en termes de thèmes et de style graphique ?
Mes inspirations viennent d'artistes comme Ma Wing Shing, Tezuka Osamu, Otomo Katsuhiro, Urasawa Naoki, et Paul Pope. Je suis également influencé par des cinéastes comme Johnnie To, Akira Kurosawa, et Federico Fellini.
Est-ce que votre séjour aux Etats-Unis a influencé votre travail ?
Oui, absolument. Ces dix années passées aux États-Unis, où j’ai étudié les beaux-arts, ont élargi ma vision artistique et m’ont ouvert à toutes sortes de disciplines créatives. Cela a joué un rôle essentiel dans la définition de mon identité artistique. J’ai grandi à Hong Kong et j’ai eu la chance d'avoir accès à une grande variété de bandes dessinées locales et de mangas/animations japonais. Cela a eu une influence considérable sur mon style artistique. Ensuite, j’ai poursuivi mes études aux États-Unis lorsque j’étais adolescent. À cette époque, j’ai découvert le style américain et j’en suis tombé amoureux instantanément. En conséquence, mon style est devenu un mélange de ces trois influences. Sur mes deux derniers titres, on est d’un côté dans un monde fantastique ancien sur la construction de cités et dans l’autre, au cœur des Etats Unis dans une histoire reprenant la théorie du complot des reptiliens.

L'Épiphanie de l'architecte et Indigo, aux éditions Paquet, 2025 |
Vos titres Indigo et L’Épiphanie de l’architecte ont des styles graphiques très différents. Vous travaillez, par ailleurs, en ce moment sur un wuxia. Comment expliquez-vous cette variété de thèmes ?
J’ai effectivement de nombreux centres d’intérêt et un désir profond de les exprimer. C’est probablement dû à mon éducation à Hong Kong, qui est un véritable carrefour culturel. Pour moi, il est tout à fait naturel de pouvoir changer de registre ou de motif à tout moment, selon mes envies.
Vous avez travaillé sur ces deux titres avec votre frère. Comment vous répartissez-vous le travail ?
C’est un processus assez naturel. Nous parlions pendant des heures au téléphone pour développer l’histoire. Une fois que nous parvenions à un consensus mutuel, je passais à la création des visuels de mon côté. Nous nous retrouvions pour en discuter chaque fois que je me retrouvais bloqué sur un aspect visuel... C’est donc un processus plutôt détendu, très « cool ».
Comment décririez-vous votre processus de création ?
J’ai une boîte à chaussures remplie de bouts de papier avec des pensées et des idées écrites au hasard. Je les revisite périodiquement, et c'est souvent mon point de départ. Ensuite, je développe les personnages en les esquissant et en les modifiant constamment. En général, la personnalité du personnage émerge peu à peu. À travers l’apparence du personnage, je commence à imaginer ce qui pourrait lui arriver en partant de cette idée initiale. C’est donc un processus assez organique, fait d’allers-retours. À un certain moment, j’accumule suffisamment d’éléments pour une histoire, et c’est là que je commence à connecter les points pour donner une cohérence à l’ensemble.
Comment décririez-vous l'industrie de la bande dessinée à Hong Kong aujourd'hui ?
L’industrie traverse une phase de réajustement. Dans les années 90, Hong Kong était le troisième marché mondial, avec des artistes considérés comme des rock stars. Mais ces quinze dernières années, le secteur a décliné. Aujourd'hui, les artistes cherchent de nouvelles manières de revitaliser le marché. Les principaux obstacles sont la disparition des médias imprimés traditionnels, la concurrence des autres formes de divertissement, et le manque de professionnels en post-production. Tous ces sujets sont vraiment problématiques et les auteurs de BD doivent trouver des solutions pour y pallier.
Comment vivez-vous votre parution française ? Avez-vous un message pour vos lecteurs français ?
C’est un véritable honneur, sans aucun doute. Voir mes œuvres publiées dans différentes langues est l’un de mes rêves depuis le début de ma carrière, et bien sûr, la France, en tant que l’un des lieux sacrés de l’art de la bande dessinée, rend cela encore plus significatif. Ce rêve se réalise presque trop vite pour moi ; je ne m'attendais pas à ce que cela arrive si tôt. J’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire mes œuvres que j’en ai eu à les créer !
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L’auteur en dédicace pour son éditeur français, les éditions Paquet.
香港漫畫家鄺志傑的作品《焚城戰譜》及《靛藍》獲 Paquet 出版社於法國出版,各位讀者現可在法國文化協會的佐敦圖書館找到這些作品。在 2024 年2 月,鄺志傑曾與其他藝術家和香港動漫基地的代表們一同出席由香港法國文化協會舉辦的一場座談會,為我們介紹他的作品和講述參與安古蘭國際漫畫節的經歷。如今,《東西譚》特別轉載《東部共和報》(l’Est Républicain)的 Pierre Séry與他進行的訪談,讓大家再次深入了解鄺志傑的漫畫世界。(特別鳴謝該報允許轉載本文章。)
請問您如何成為漫畫家?為何漫畫如此吸引您?
鄺志傑:我自童年開始一直都很喜歡漫畫。我和哥哥鄺志豪都是香港傳奇漫畫家馬榮成的粉絲。我們知道馬榮成在成名前曾在De Monte畫室學畫以後,便決定放學後也去那裡上課。之後,我又跟隨另一位藝術家麥天傑學畫,並在一本青少年雜誌上首次發表一些短篇故事。
不過,我在18歲時獲得赴美留學的機會,自此便走上了與漫畫家截然不同的道路。簡單來說,我後來成為了一位大學教職員,自此從事著與漫畫毫無關係的工作整整20年。直到2019年,我又再遇上麥天傑先生,他邀請我一起合作創作《崑崙異說》。這部作品出版後深受香港讀者歡迎,並讓我重新踏上漫畫家之路。
麥先生之後鼓勵我申請由香港政府贊助的首屆「港漫動力」香港漫畫支援計劃。我幸運地成功入選,並獲得兩個獎項。作品的初版在五天內便已售罄,所以我得立即加印第二版。這次經驗讓我重拾自信,於是再接再厲,在翌年再申請同一計劃的資助。這一次我更有幸榮獲「金獎」,並在一個月內將所印刷的漫畫全部賣出。
人生兜兜轉轉,非常奇妙——我的偶像馬榮成先生看到我的作品,並向一位投資者推薦我,讓我目前可以創作一部武俠作品。(備註:武俠是中國文學的一種,大多講述中國古代俠客的冒險故事。)
在主題和作畫風格而言,您主要受到誰人影響?
我的靈感來自馬榮成、手塚治虫、大友克洋、浦澤直樹和Paul Pope等藝術家。此外,杜琪峯、黑澤明和費里尼(Federico Fellini)等電影導演也為我帶來啟發。
您的創作是否受到您在美國的生活所影響?
是的,沒錯。我在美國學習美術,並生活了十年,這大大拓展了我的藝術視野,也讓我可接觸到所有的創意領域。這對我塑造自我的藝術身份很重要。我在香港成長,有機會接觸到各式各樣的本地漫畫和日本動漫。這對我的藝術風格有著重大影響。到了青少年時代,我前往美國留學。在這段期間,我開始接觸美式風格,並立即愛上了它。結果,我後來所建立的自我風格便混合了這三大影響。在我最近的兩部作品中,一部以在古代奇幻世界建造城池為題材,另一部則以美國為背景,講述蜥蜴人陰謀論的相關故事。
《靛藍》及《焚城戰譜》的作畫風格截然不同,而您目前又在畫武俠漫畫,為何您的創作會有如此多元化的主題?
我的興趣很廣泛,而且我渴望將它們表現出來。這大概和我在香港所受的教育和成長背景有關,香港確實是一個不同文化的交匯點。對我而言,隨心所欲地轉換題材或風格是自然不過的事情。
這兩部作品都是由您和哥哥合作創作,您們如何分工?
我們的合作過程很暢順自然。我們會在電話裡聊上好幾個小時來構思故事。大家達成共識後,就由我開始繪畫。而每當我不知道該怎樣畫下去時,我們就再一起討論……合作過程輕鬆,而且很有趣。
您的創作過程是怎樣的?
我有一個鞋盒,裡面放滿了我隨手寫下的紙條,上面寫著我的構思和靈感。我會不時翻看,而這往往就是我的創作起點。接著我會不斷勾勒和修改角色,慢慢塑造出人物的個性。我就從最初的概念出發,逐步透過角色的外型,去想像他的故事。過程反覆往復,展現出一種生命力。當我累積到足夠的故事元素時,便會開始串聯,讓故事更加完整。
您會怎樣形容現今的香港漫畫產業?
香港漫畫產業正在經歷調整期。在90年代時,香港曾是世界第三大市場,那時的漫畫家就像明星一樣。但這十幾年來,整個漫畫行業都在衰退。現在,創作者們都在尋找振興市場的新方法。目前的主要挑戰包括傳統印刷媒體消失、其他娛樂形式帶來競爭,以及業內缺乏後期製作的專業人才。這些都是業界的重要問題,漫畫家們都必須想辦法應對。
您的作品以法文出版,您對此有何感想?您有什麼說話想對法文讀者說嗎?
這絕對是我的一大榮譽。自我踏上漫畫家之路開始,便一直夢想看到自己的作品以其他語言出版。而在作為漫畫藝術聖地之一的法國出版自己的作品,更是意義非凡。現在夢想成真得太快,我從來沒想過可以這麼早就實現這個夢想。我創作漫畫時獲得了莫大的樂趣,我希望各位讀者在閱讀時能同樣地樂在其中!
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